Une anthropologie de la police des quartiers
Depuis trois
décennies, tous les désordres urbains qu’a connus la société française
sont survenus à la suite d’interactions meurtrières entre la police et
les jeunes dans des quartiers dits sensibles. Mais au-delà de ces
moments dramatiques, quels sont les rapports entre les forces de l’ordre
et les habitants des banlieues ? Pour le comprendre, Didier Fassin a
partagé pendant près de deux ans le quotidien d’une brigade
anti-criminalité de la région parisienne. Cet ouvrage est le fruit de
son enquête, la première du genre en France.
Loin
des imaginaires que nourrissent le cinéma et les séries télévisées, il
raconte le désœuvrement et l’ennui des patrouilles, la pression du
chiffre et les doutes sur le métier, les formes invisibles de violence
et les manifestations méconnues des discriminations. Inscrivant ces
pratiques policières dans les politiques qui les rendent possibles, il
montre qu’elles visent moins à protéger l’ordre public qu’un certain
ordre social. Les scènes à la fois saisissantes et ordinaires rapportées
dans ce livre dévoilent ainsi l’exception sécuritaire à laquelle sont
soumises les cités.
Didier Fassin
est professeur de sciences sociales à l’Institute for Advanced Study de
Princeton et directeur d’études à l’EHESS. Il a notamment publié La Raison humanitaire (Hautes Études-Gallimard-Seuil, 2010), L’Empire du traumatisme (Flammarion, 2008) et Quand les corps se souviennent (La Découverte, 2006).