samedi 17 décembre 2011

L’illogique militarisation de la police

Par PATRICK DELACHAUX Ecrivain, policier suisse, FRÉDÉRIC MAILLARD Economiste intervenant dans les formations de policiers

Doter les brigades anticriminalité de fusils à pompe : la dernière promesse de Nicolas Sarkozy en matière de sécurité est révélatrice d’un glissement des «forces de l’ordre» vers une logique de surmilitarisation, doublée d’un démantèlement de la police de proximité.

Moi-même policier suisse, j’ai été envoyé en mission d’observation dans les commissariats des banlieues françaises après les émeutes de 2005 et j’ai eu l’occasion d’y retourner à plusieurs reprises depuis lors. J’y ai vu la détresse de mes collègues. J’ai aussi constaté que, comme chez nous, les stratégies managériales en matière de sécurité étaient dépassées. J’ai interrogé alors ma pratique professionnelle auprès de Frédéric Maillard, analyste des organisations de polices. Ensemble nous avons fait plusieurs constats européens.


L'illogique militarisation de la police

Déconnectées de la population, les différentes divisions policières observent un fonctionnement de plus en plus militarisé. C’est d’autant plus alarmant que les défis sécuritaires, plus complexes, trouvent notamment leurs causes dans les difficultés sociales. Etonnamment, l’armée entreprend des réformes dont la police semble incapable. Alors qu’il faudrait qu’elle se réinvente, pour faire face à une violence de plus en plus diffuse. L’intelligence pratique de la police est compromise. Les policiers ne peuvent qu’être en colère, puisque jouets d’une politique qui les dépasse, limitant leur métier au seul maintien de l’ordre, et réduisant ainsi à néant les stratégies de construction de la paix sociale. Le savoir-faire et l’anticipation s’essoufflent, ainsi que la confiance.

Des pistes existent pourtant, pour ne pas capituler et céder le terrain aux désordres. Il y a dix ans, les polices de proximité connaissaient de sérieux revers et se voyaient retirer leurs desseins politiques ; voire étaient condamnées. C’était irresponsable. La population, comme le personnel policier, plébiscite les brigades de proximité innovantes, composées de femmes et d’hommes en tenues, visibles, mobiles et disponibles.


Suffisamment d’expériences ont été mises en oeuvre pour que l’on ne nous fasse plus croire qu’il reste des obstacles au retour d’une telle police. Les politiques doivent se souvenir que les problèmes non résolus fragilisent la démocratie. Ils doivent se ressaisir de leurs polices, tout en ayant à l’esprit que parler de sécurité publique, c’est largement dépasser le cadre de la police. Dans une société moderne et responsable, il est aussi important de faire participer à la sécurité d’autres intervenants, du gardien d’immeuble aux services de la voirie, par exemple. L’idée étant de guetter les signaux d’incivilités, même les plus infimes, pour mieux anticiper les problèmes de sécurité. Dès lors, il y a lieu d’imaginer le développement de dispositifs pluridisciplinaires.

Le policier défend les droits humains. Avant tout. C’est la condition intrinsèque qui fait de lui un gardien de la paix, détenteur de deux pouvoirs opérationnels exclusifs et exceptionnels : la coercition, dont la maîtrise empêche l’enlisement dans la violence, et le moyen discrétionnaire, dont les droits de l’homme fondent la liberté de tout enfant, de toute femme et de tout homme. Le policier prête serment devant les autorités et le peuple. Il est alors identifié, légitimé, donc un citoyen représentatif et plus tout à fait ordinaire. Il est délégué de nos valeurs constitutionnelles, l’héritier d’une longue et exigeante conquête républicaine. Pour ces raisons, et seulement pour elles, il faut innover durant ces périodes d’insécurité, ressentie ou vécue, en insufflant de nouvelles capacités d’organisation policière, ainsi qu’en développant la culture d’engagement.

Le policier ne peut pas garantir seul la sécurité, la tranquillité et la salubrité publiques. Il cherche des alliances. Il s’agit dès lors de tisser une toile qui permette un échange de compétences et d’intelligences transdisciplinaires. Nous allons ensemble défier la criminalité et l’insécurité, sans jamais renier les valeurs qui façonnent l’Etat de droit, même si parfois nous sommes tentés par la simplicité d’une (ré)action directe, hostile et sans juste mesure. Je suis humain, et de temps à autre je doute… En revanche, je sais une chose : je me défigure et défigure nos sociétés, si je n’agis pas dans le plus strict respect de nos valeurs humaines.

Article paru dans le quotidien Libération

dimanche 4 décembre 2011

Art de la sécurité (L'). Les enseignements de l'histoire et de la criminologie

Résumé : De tout temps, les communautés humaines ont confié à certains des leurs la mission d’assurer la protection de tous contre le crime et les autres sources d’insécurité. Depuis quelques siècles, la police se professionnalise peu à peu, cherchant à tâtons les moyens de mieux sécuriser les villes et les campagnes. Depuis quelques décennies, les stratégies et les tactiques mises au point par les praticiens de la sécurité sont évaluées par les historiens et les criminologues.

Mettant à profit cette longue accumulation des savoir-faire et des savoirs, Maurice Cusson montre comment la police moderne des XVIIe et XVIIIe siècles parvient en Europe à faire reculer les taux d’homicide; les effets sur la criminalité des réformes policières déployées dans certaines grandes capitales, lors des siècles passés; la manière dont nos ancêtres se protégeaient contre les bandes de brigands et la manière dont la police d’aujourd’hui parvient à désorganiser les organisations criminelles; les moyens par lesquels les organisations policières et de sécurité privée ont réussi à faire reculer la criminalité à la fin du siècle dernier, au Canada et aux Etats-Unis.

D’une manière plus générale, l’auteur illustre les catégories essentielles de l’action de sécurité et les grands principes stratégiques qui se dégagent de l’expérience historique et de la criminologie expérimentale.

Extraits de critiques :
« Les policiers et autres intervenants du domaine de la sécurité tireront profit de cet ouvrage solidement étayé. »

« Le grand public intéressé par ces questions […] sera lui aussi grandement instruit par cet essai au propos riche et clair. »

Auteur : Maurice Cusson

ISBN : 978-2-89647-324-3 | Nombre de pages : 344
Prix suggéré : 24,95 $

Format : 15 x 22.5 | Parution le : 2010-08-30

Collection : Hors collection
Éditeur : Éditions Hurtubise inc.
Diffuseur : Au Canada - Distribution HMH inc.

samedi 29 octobre 2011

Bibliothèque Droits humains

POURQUOI CETTE BIBLIOTHEQUE EN LIGNE ?

Le Collectif Police & Droits humains présente la bibliothèque de son Laboratoire (européen) civil de sécurité publique sous forme de trois volets :

  1. Police : sélection d'ouvrages d'actualités
  2. Droits humains : sélection d'ouvrages historiques et fondateurs
  3. La rubrique " à découvrir... " composée de quelques coups de coeurs.

De tels ouvrages - volontiers critiques, toujours libres et scientifiquement élaborés - démontrent la nature fondamentale du policier en sa qualité construite de premier défenseur des Droits humains et de détenteur excepti onnel des Droits humains.

Le Collectif Police & Droits humains plaide une restauration du lien vital qui interagit entre les Polices et les organisations civiles, sous la protection de la Constitution de l'Etat de Droit.

Le Collectif Police & Droits humains souhaite voir ce lien davantage étudié et éprouvé dans les cursus de formations des policières et policiers, et tout autant vivifiés le long de leurs carrières; dans l'unique but d'espérer nos sociétés durablement préservées des dégénérescences de conflits et, évoluer en paix.

mardi 18 octobre 2011

Police : des chiffres et des doutes

Par MATELLY, J-H. & MOUHANNA, Ch. (2007) 
La publication des chiffres de la délinquance est devenue l'un des moments clefs de la vie politique et médiatique : la criminalité baisse, la police est performante et l'on s'extasie sur cette amélioration mathématiquement prouvée. Pourtant, contrairement à ce que l'on voudrait (nous faire) croire, ces chiffres si rassurants relèvent davantage d'une fabrique bien huilée que d'une véritable approche scientifique. La " vérité " des chiffres dissimule des constructions comptables chaotiques et... inquiétantes. Plongée détaillée dans l'univers des commissariats et des gendarmeries où s'élaborent ces chiffres, ce livre dévo! ! ile toutes les recettes utilisées pour construire les résultats souhaités en haut lieu et raconte comment s'est bâti un système qui, depuis le gardien de la paix jusqu'au ministre, " piège " l'ensemble des participants. Produire les " bons chiffres " devient la préoccupation principale, même si cela a des conséquences néfastes sur le travail policier, même si cela signifie reléguer le public au second plan, même si cela nuit à leur mission même: la lutte contre la délinquance.

Le Frisson de l'émeute. Violences urbaines et banlieues

De Sébastien Roché


À l'automne 2005, la France connaît la pire vague d'émeutes de son histoire contemporaine. L'intensité des affrontements survenus après la mort de deux adolescents à Clichy-sous-Bois soulève nombre de questions restées sans réponse.

Qui sont les émeutiers : des professionnels de l'agression, des délinquants, des gamins isolés ou des révolutionnaires ? Qu'est-ce qui déclenche la révolte ? Comment se propage la vague des violences urbaines ? Quelle place tiennent les minorités ethniques ? Pourquoi nos voisins européens, soumis à des conditions économiques et sociales semblables, ne sont-ils pas touchés par ce phénomène ?
Le pouvoir n'a d'autre réponse que la posture guerrière - notoirement inefficace. Les instruments qui permettent d'anticiper, de dégonfler une crise, voire de la prévenir, ne sont pas mis en oeuvre. Pire, lorsqu'ils existent, ces outils sont régulièrement détruits par nos responsables politiques. La mise au rebut de la police de proximité au profit de la seule force détériore les relations avec les banlieues et les minorités ethniques sans améliorer la sécurité de chacun.

Sebastian Roché a scruté l'événement, sa chronologie, l'engrenage de la révolte, le profil des émeutiers et leur goût du frisson, l'attitude des pouvoirs publics et du ministre de l'Intérieur, celle des médias et des juges. La conclusion est simple : sans un changement profond de nos institutions policières et de nos outils de réflexion et de gestion, le risque d'une nouvelle vague d'émeutes menace. S'appuyant sur une analyse scrupuleuse des faits, loin des tabous, des clichés et des idéologies, Sebastian Roché propose des solutions réfléchies et pragmatiques.

Date de parution 05/10/2006
Essais (H.C.)
228 pages - 16 € TTC

jeudi 1 septembre 2011

La police contre les citoyens ?

Qu’est-ce qu’être policier en France aujourd’hui ? Comment expliquer les tensions entre les policiers et les jeunes, mais aussi les moins jeunes ? Pourquoi ce malaise grandissant au sein de la police ? Pourquoi cette dégradation continue des relations entre polices et population ? Qu'est ce qui se joue réellement autour des chiffres de la délinquance ? Quelles sont les conséquences de la politique du chiffre menée depuis 2002 sur les policiers comme sur les citoyens ? Pourquoi ce refus obstiné de la police de proximité par le pouvoir actuel ? Et d'ailleurs qu'est-ce exactement que la police de proximité ?

Un livre paraît cette semaine qui apporte des réponses fortes, précises et concrètes à ces questions fondamentales. Il est signé Christian MOUHANNA, chercheur au CNRS, grand spécialiste de la sociologie de la police. Fort de 15 années de recherches de terrain sur ces problèmes, dans les banlieues sensibles comme dans les quartiers aisés, il propose une synthèse de son travail et montre comment policiers, élus et citoyens sont entraînés aujourd'hui dans un véritable cercle vicieux qu'il serait urgent de mettre sur la table du débat démocratique.

La démonstration est sereine, elle ne s’inscrit pas dans une logique de dénonciation, mais dans une volonté de compréhension des uns et des autres, conduisant à des remises en question sévères mais fondées. Ajoutons pour finir qu'elle concerne tout autant la gendarmerie, dont le modèle de police de proximité (intégré dans la doctrine de la "surveillance générale") a fait depuis très longtemps ses preuves mais se trouve aujourd'hui progressivement détruit.
  • Broché: 200 pages
  • Editeur : Champ social Editions (17 mars 2011)
  • Collection : Questions de société

Une psy chez les flics

Présentation de l'éditeur

Recrutés il y a une vingtaine d'années pour soutenir les réformes de la formation et promouvoir de meilleurs rapports entre les policiers et le public, que sont devenus ces psychologues ? Supposés parler un double langage, miroirs des dysfonctionnements, ils font encore peur à certains policiers. Attendus par les uns pour leurs capacités d'écoute et d'analyse, ils sont neutralisés par les autres qui craignent leur esprit critique.

Sont-ils les trublions du bon ordre ou les anges-gardiens des gardiens de la paix ? Françoise Fonteneau-Dehennault éclaire d'un regard nouveau les résistances de l'Institution, les conflits entre les impulsions de changements et les lourdeurs de l'administration. 

Quatrième de couverture

Recrutés il y a une vingtaine d'années pour soutenir les réformes de la formation et promouvoir de meilleurs rapports entre les policiers et le public, que sont devenus ces psychologues ? Supposés parler un double langage, miroirs des dysfonctionnements, ils font encore peur à certains policiers. Attendus par les uns pour leur capacités d'écoute et d'analyse, ils sont neutralisés par les autres qui craignent leur esprit critique. Sont-ils les trublions du bon ordre ou les anges-gardiens des gardiens de la paix ? Françoise Fonteneau-Dehennault éclaire d'un regard nouveau les résistances de l'Institution, les conflits entre les impulsions de changements et les lourdeurs de l'administration. 

Biographie de l'auteur

Diplômée en Psychologie et associée aux travaux de Recherche du Laboratoire des Psychologies Cliniques de l'Université de Rennes II, Françoise Fonteneau-Dehennault
a été une des premières psychologues en France à travailler avec les enseignants et les parents d'élèves pour aider les enfants en échec scolaire. Elle est chargée d'une mission de formation et de recrutement des policiers par le Ministère de l'Intérieur de 1983 à 2001.

Auteur : Françoise Fonteneau-Dehennault

 

1000 jours pour vaincre l'insécurité : Policier aux Halles de Paris

Les témoignages d'hostilité auxquels les policiers de voie publique sont quotidiennement confrontés prouvent que le public ne comprend pas toujours quelles sont leurs missions ni comment ils travaillent. Face à une demande contradictoire (plus de sécurité mais moins de police), comment doivent-ils se comporter ? 


Le capitaine Joël Terry décrit de quelle façon il a réussi, avec son équipe, à faire reculer le sentiment d'insécurité qui caractérisait le quartier des Halles de Paris, il y a encore quelques années : contre le " tout sécuritaire ", il démontre les vertus de la police de proximité, travaillant en partenariat avec les autres acteurs de la cité au service des valeurs de la République.

Auteurs : Joël Terry, Elisabeth Bourguinat
Récit (broché). Paru en 05/2005

mardi 5 juillet 2011

En Quête de sécurité

En quête de sécurité, Causes de la délinquances et nouvelles réponses. Paris : Armand Colin

Le besoin de sécurité et le " sentiment d'insécurité " qui l'exprime jouent désormais un rôle essentiel dans la vie politique, et le thème n'est pas près de quitter le devant de la scène. Comment concilier (surtout depuis les attentats du 11 septembre 2001) la garantie des libertés publiques et le renforcement des dispositifs sécuritaires ? Sans aller jusqu'au terrorisme, véritable épée de Damoclès de nos démocraties, la délinquance routière, les délits économiques et financiers, la délinquance de ru! e, etc., sont désormais jugés radicalement insupportables et motivent une demande de sécurité qu'il serait hâtif de réduire à un simple accès d'esprit punitif encouragé par les médias. L'objet de ce livre est de prendre l'exacte mesure de cette nouvelle donne. Quels sont les éléments crédibles d'explication de la montée des diverses délinquances ? Quels sont les dangers qui nous guettent réellement ? Quelle est la position de la France en Europe ? Comment agissent les médias ? Que penser des politiques de sécurité mises en œuvre ? Les auteurs se sont efforcés de répondre à ces questions par la recherche d'informations pertinentes dans les statistiques, mais aussi sur le terrain. On prendra la mesure des avancées et des limites de l'action gouvernementale, du chemin restant à parcourir et des réfor! mes nécessaires pour permettre à la police de répondre à la demande des citoyens. Ce livre éclairera tous ceux qui ont à envisager la problématique sécuritaire et la prévention dans une logique d'études, d'enseignement ou d'action sur le terrain, ou veulent faire leurs choix sociaux et politiques en toute connaissance de cause.


ROCHE, S. (2003)

Police et discriminations raciales : le tabou français


La police est-elle facteur de discrimination raciale ? Des témoignages de victimes recueillis sur le numéro vert du 114 laissent à penser que les principes citoyens et les traitements d'égalité pour tous sont de moins en moins respectés. Plus grave encore, les plaintes des victimes de ces discriminations n'ont quasiment jamais de suites judiciaires et disciplinaires. L'ethnicisation des relations sociales et des territoires, la criminalisation des jeunes assimilés à des voyous, auxquelles s'ajoute un racisme acquis sur le tas, expliquent en partie ce constat alarmant. Les conditions de travail difficiles des policiers, l'ambiguïté et le flou de leurs missions sont aussi en cause. Comment lutter contre ces attitudes discriminantes indignes de la République ? Alors que des pays étrangers tels que le Royaume-Uni et les États-Unis ont choisi de former e! t de sensibiliser les policiers à ce problème, la France préfère le taire. En formulant des propositions pour mettre fin à ce tabou, ce livre lance le débat : comment la police peut-elle mettre fin aux discriminations à l'égard des usagers ?

Quatrième de couverture : La police est-elle facteur de discrimination raciale ? Des témoignages de victimes recueillis sur le numéro vert du 114 laissent à penser que les principes citoyens et les traitements d'égalité pour- tous sont de moins en moins respectés. Plus grave encore, les plaintes des victimes de ces discriminations n'ont quasiment jamais de suites judiciaires et disciplinaires. L'ethnicisation des relations sociales et des territoires, la criminalisation des jeunes assimilés à des voyous, auxquelles s'ajoute un racisme acquis sur le tas, expliquent en partie ce constat alarmant. Les conditions! de travail difficiles des policiers, l'ambiguïté et le flou de leurs missions sont aussi en cause. Comment lutter contre ces attitudes discriminantes indignes de la République ? Alors que des pays étrangers tels que le Royaume-Uni et les États-Unis ont choisi de former et de sensibiliser les policiers à ce problème, la France préfère le taire. En formulant des propositions pour mettre fin à ce tabou, ce livre lance le débat : comment la police peut-elle mettre fin aux discriminations à l'égard des usagers ?
BODY-GENDROT, S & WITHOL de WENDEN, C. (2003)Police et discriminations raciales : le tabou français. Paris : Ed de l’Atelier

mercredi 8 juin 2011

Profession : policier, sexe : féminin

Les rapports de genre dans la police nationale

L'accès des femmes aux pleins pouvoirs de police est récent. Depuis une trentaine d'années, les policiers de sexe féminin suivent la même formation, sont dotées des mêmes habilitations judiciaires et du même armement que les hommes. S'agit-il d'un changement profond dans la conception de l'ordre public ?

Ont-elles accès aux mêmes services et aux mêmes missions ? Comment s'intègrent-elles à la sociabilité virile des commissariats ? Telles sont quelques unes des questions auxquelles Geneviève Pruvost répond dans cet ouvrage pionnier qui constitue la première recherche française d'ampleur sur la féminisation de la police.

Crime et Sécurité, l'état des savoirs

La place qu’occupe l’insécurité dans le débat public, tant en France que dans les autres pays européens, rend souhaitable l’existence d’une information synthétique, sûre et accessible. C’est dans ce but qu’a été conçu cet ouvrage qui réunit les contributions de spécialistes des recherches sur la délinquance, la criminalité et les politiques de sécurité. La première partie décrit les grandes tendances d’évolution de la délinquance, des politiques de sécurité, de la place attribuée à l’insécurité dans les médias et dans le débat politique, et enfin de la recherche sur le crime.

La seconde est consacrée à l’étude sociologique de la cr! éation et de la modification de la loi pénale, en s’attachant plus particulièrement à certains exemples : code de la route, usage et trafic de stupéfiants, vagabondage, détention provisoire…

La troisième dresse un panorama des délinquances, de la corruption à la délinquance d’affaires et au crime organisé, en passant par le meurtre, le viol, la délinquance juvénile, la toxicomanie ou encore la délinquance routière. La quatrième présente les étapes du processus de la sanction pénale et ses acteurs, policiers, juges et procureurs, avocats, éducateurs, agents privés de sécurité, gardiens de prison… Enfin, la dernière partie est consacrée aux débats actuels : le sentiment d’insécurité, l’évolution de la justice des mineurs, les expéri! ences de médiation, l’affrontement entre jeunes de banlieues et policiers, la construction d’une Europe de la sécurité, le poids du modèle américain de répression pénale, etc.

mardi 3 mai 2011

CONNAÎTRE LA POLICE. Grands textes de la recherche anglo-saxonne. (2003)

Introduction

par Jean-Paul Brodeur
et Dominique Monjardet

Si beaucoup aimeraient être célèbres, peu souhaitent vraiment être connus. Être connu, c'est être prévu, et c'est donc déjà être contrôlé. Les institutions et les groupes - par exemple, les professions - ne souhaitent pas être connus et opposent une résistance à ceux qui veulent en savoir plus sur eux. La force de cette résistance se mesure à la volonté de préserver le mythe qui, pour plusieurs professions, constitue le filtre de leur perception par le public. Plus le mythe est rentable, et plus l'opposition à ce qu'il soit démonté sera systématique, comme nous l'enseignent le droit, la profession médicale ou les « professionnels » de l'information. La police n'est à cet égard pas différente des autres professions ou des autres institutions, si ce n'est que sa mythologie est plus puissante que celle d'aucune autre profession, la militaire exceptée.

Ce qui distingue véritablement la police est que sa résistance à être connue paraît en grande partie légitime et qu'elle est en conséquence protégée par les institutions. La légitimité du secret policier repose en partie sur un principe de mimétisme qui transforme en doublons les parties qui s'opposent dans un conflit. Si le « milieu » est prêt au meurtre pour garder ses secrets, la police qui veut le pénétrer ne saurait elle-même légitimement révéler ses astuces ; les secrets de la police ne sont d'ailleurs pas seulement légitimes, mais ils ont aussi vu leur légitimité sanctionnée par la loi. « Secret défense », « sécurité nationale », « secret de l'enquête » ou « protection des indicateurs », il ne manque pas de dispositions législatives pour protéger la police d'un regard extérieur et pour entretenir son mythe.

« Secret défense »,
« sécurité nationale »,
« secret de l'enquête » « protection des indicateurs »...
Pourtant, cette résistance s'est considérablement affaissée dans le monde anglo-saxon, où il existe maintenant une littérature de recherche sur la police qui est sans doute plus élaborée que celle qui porte sur aucune autre profession. Les textes réunis dans ce recueil en témoignent. D'où la question : pourquoi un savoir sur la police a-t-il commencé à se constituer dans le monde anglo-saxon - aux États-Unis d'abord, puis au Royaume-Uni - après 1950, la thèse de William A. Westley sur la violence policière étant l'oeuvre pionnière ?

Nous tenterons de donner quelques pistes de réponse à cette question.

Ce que fait la police - sociologie de la force publique

Les termes apparemment transparents de police et de policier recouvrent des métiers et des pratiques professionnelles fort variés, et parfois les plus étrangers les uns aux autres. La police est un instrument du pouvoir, qui est censé lui assigner ses missions ; elle est aussi un service public, susceptible d'être requis par tout un chacun; et elle est un corps professionnel, avec ses intérêts propres et ses pesanteurs. Les objectifs officiels de l'institution ne s'harmonisent pas spontanément avec les valeurs des policiers, les structures organisationnelles existantes et la parcellisation des tâches policières, dont l'efficacité est difficilement mesurable.

A travers une analyse exhaustive et minutieuse du travail des policiers et des rouages de l'institution, fruit d'une enquête sur le terrain de plusieurs années, Dominique Monjardet éclaire les mystères et les paradoxes d'un corps qui reste souvent presque aussi opaque pour ses propres membres que pour les profanes. Du commissariat à la compagnie de C.R.S., des valeurs proclamées aux frustrations rentrées, la force publique est passée au crible.

Dans la dernière partie de son ouvrage, Dominique Monjardet aborde le problème des réformes de la police et des stratégies de lutte contre l'insécurité montante dans une société qui veut rester démocratique. Les tentatives de réforme à la française aussi bien que les expériences de police de proximité ou de police « communautaire » anglo-saxonnes sont passées en revue, tandis que la question du contrôle de la force publique est posée avec rigueur. Ses propositions pour une police a la fois efficace et démocratique font de ce livre non seulement une somme de connaissances sans précédent, mais un guide incontournable pour l'action publique.

Dominique Monjardet, sociologue, est chercheur au CNRS. Il est l'auteur, sous le pseudonyme de Pierre Demonque, de Les policiers (collection « Repères» , La Découverte, 1983 ). De 1989 à 1994, il a été conseiller technique dans le domaine de la recherche à l'Institut des hautes études de la sécurité intérieure.

Les visages de la police. Pratiques et perceptions

Les travaux sociologiques se sont essentiellement penchés jusqu'ici sur la police publique en tenue. Or, la police revêt de multiples visages et les activités policières sont assurées par un ensemble très ramifié d'agences qui ne travaillent pas nécessairement en partenariat. Cet ouvrage décrit donc dans toute sa complexité les modalités de la mise en ?uvre de la sécurité ainsi que les diverses facettes de la police. Il rend compte des problèmes de méthode rattachés à l'étude de la police surtout lorsqu'on aborde les notions de force et de coercition policière qui deviennent ambivalentes dès que l'on considère les activités d'autres producteurs de sécurité, comme les enquêteurs, les agents des services de renseignement et tout le secteur privé. 

À travers les réformes les plus récentes de la police qui ont donné naissance à la police de communauté et à la police de résolution de problèmes, Jean-Paul Brodeur trace un portrait juste et complet de la police en tenue. S'appuyant sur son travail auprès de diverses commissions d'enquête judiciaires, l'auteur aborde également la police en civil et, de façon particulière, les services de renseignement ainsi que les derniers changements en matière de sécurité privée. Cet ouvrage constitue une synthèse fort utile des plus récents développements sur la police. Jean-Paul Brodeur est professeur titulaire à l'École de criminologie et chercheur principal au Centre international de criminologie comparée de l'Université de Montréal. Auteur de nombreux articles et ouvrages, il a également dirigé de nombreuses recherches dans divers organismes gouvernementaux. Il a reçu en 2002 une bourse Killam.


Titre exact : Les visages de la police. Pratiques et perceptions
Artiste : Jean-Paul Brodeur

Disponibilité : Canada
Date de parution : 20 avril 2011
Éditeur : Les Presses de l'Université de Montréal
ISBN : 9782760623972

Présumé non coupable, des flics contre le racisme

A un moment où, en Europe, la police cherche des pistes entre le tout répression et le travail de proximité le travail qu’Yves Patrick Delachaux mène avec ses collègues présente une réponse efficace et fondée.


Ce gendarme suisse sait de quoi il parle : il a été policier sur le terrain dans l’un des quartiers les plus « chaud » de Genève et il est aujourd’hui formateur en éthique et droits de l’homme dans la police genevoise. Son livre fait la synthèse d’un travail en profondeur, se fondant sur les nécessités et les réalités du terrain. Il propose des pistes de formation et de résolutions de conflits applicables partout, dans le respect et le pragmatisme. Il soulève le débat de la discrimination comme « outil pratique » pour les agents de la force publique. Car aujourd’hui, dans l’Europe en mouvement, les policiers sont en contact quotidien avec les migrants. Ces relations sont émotionnelles, souvent douloureuses au vu des réalités de la migration. Le travail de la police est, entre autres, de distinguer ceux qui contreviennent à la loi, mais comment pour cela ne pas se fier à ses préjugés ?


Avec Alain Devegney et Sarah Khalfallah, il est l’instigateur d’un programme de médiation en collaboration avec les communautés étrangères à Genève (qui a été relaté dans le film documentaire d’Ursula Meier, « Pas les flics, pas les noirs, pas les blancs »), Yves Patrick Delachaux poursuit aujourd’hui cette action dans le cadre de la formation continue des policiers. Les affaires, relatées dans la presse, qui stigmatisent des actions racistes ne sont que la partie visible d’une relation complexe entre l’application de la loi et la réalité du terrain. Car les policiers n’entrent pas dans la police parce qu’ils sont racistes, mais bien souvent la réalité émotionnelle et quotidienne du métier les conduit à agir de manière discriminante et raciste. C’est ce glissement que vise à éviter ce livre. Comment prévenir les dérapages et garantir l’efficacité de la police, Yves Patrick Delachaux propose là une réflexion et une approche passionnante.

Préface de Jean-Daniel Vigny, Département fédéral des affaires étrangères, mission permanente de la Suisse auprès de l¹ONU à Genève, ministre en charge des questions relatives aux droits de l’homme.

Postface de Frédéric Maillard, formateur en ressources humaines, professeur HES en travail social, directeur de Preventive Business (action préventive des conflits en dégénérescence impliquant les entreprises transnationales).